(pour garder le côté vivant, j’ai gardé les tournures orales du récit de Marc)
Marc, comment es-tu arrivé à Vancouver ? D’abord, pourquoi as-tu voulu partir de Suisse ?
La Suisse, c’est trop petit…
Tu as commencé par l’Angleterre je crois ?
Tu sais en Suisse il y avait beaucoup d’américains…et d’américaines, alors j’ai appris un peu l’anglais et puis j’ai eu une bonne amie anglaise qui est repartie là-bas alors je l’ai suivie. Je suis mécanicien auto, j’ai fait mon apprentissage en Suisse. Alors en Angleterre, j’ai trouvé du boulot chez Peugeot dans un garage, mais je n’avais pas le droit de travailler ailleurs, j’avais juste un permis pour ce garage là.
Et cela a duré 3 ans et puis je m’ennuyais, c’est toujours la même chose à réparer des Peugeot. Puis un jour, déjà je ne m’entendais plus trop bien avec ma bonne amie, j’ai vu une annonce pour le Canada où ils avaient besoin, comment tu dis « tradesmen », tu sais des électriciens, plombiers, mécano… Alors j’ai fait les papiers d’émigrant et tout.
Et tu es arrivé au Canada
Oui, je m’en souviens encore, c’était le 21 février 1975, j’ai débarqué à Montréal, il faisait froid !! Là j’ai fait le boulot de mécano dans un garage, je réparais des Fiat et des BMW, j’ai tenu 6 mois ! J’étais tout seul, mal payé.
C’est là que j’ai voulu aller à Vancouver pour voir l’autre côté. En fait je voulais aller dans l’Alberta pour travailler dans le pétrole ! Et je me suis retrouvé 6 semaines dans un camp de bucherons, là c’est dur, là tu travailles…
On parlait des ours, tu aurais vu, je voulais pas le croire au début, les gars ils me disaient, mais si, ce sont des ours qui ravagent tout et nous bouffent nos sandwichs. Il y a un vieux, il m’a pris par l’épaule, et m’a dit, viens voir mon p’tit gars, il m’a fait monter dans le camion, et à 300 m dans une clairière, il y avait une dizaine d’ours, ouououh…